De qui tient-il ce teint blafard, cet embonpoint maladif ? Il se sent seul, très seul, c'est indubitable. Sur son trône d'opérette, il attend que le jour finisse. Ce matin encore, il ne s'est pas rasé. L'insomnie le ronge, agrandissant chaque jour le bistre sous ses yeux rougis par les heures de veille. De vieux fantômes lui rendent visite à la nuit tombée. Nuit où il retrouve en ribambelle tous ses aïeux. Ses vieux parents et sa bienaimée, si belle et si pâle et si morte dans ses longs voiles blancs. Au matin, il flotte encore dans la chambre assombrie son parfum entêtant, mais si diffus, si tristement diffus. Il l'appelle, tente de se souvenir de vieux poèmes oubliés qu'ils lisaient ensemble, tendrement enlacés. Il voudrait les réciter encore, mais sa voix se brise. Son trône d'opérette est un trône miteux et on peut bien le dire, mité. On l'a recouvert un jour d'une tapisserie déjà ancienne, très lourde et très épaisse. Le temps et les mites ont e...
textes issus d'ateliers d'écriture animés par Martin Chabert