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Affichage des articles associés au libellé Vincent Figuéréo

Vert œil ?, par Vincent Figuéréo

Alda de Mesquita choisit de mourir le 4 février 1480. Alda de Mesquita choisit de donner vie à Fernand de Magellan, par voie basse, ce matin-là.  Alda de Mesquita choisit, en accord avec ses croyances et avec la volonté d’Undibel, de vivre éternellement en plantant une aiguille dans sa jugulaire. Undibel signifie « dieu » en calo, argot espagnol intégrant de l’argot gitan. Undibel a écrit dans son livre intitulé Le Livre d’Undibel qu’il promet la vie éternelle à qui laissera couler 21 grammes de son sang provenant de la veine jugulaire antérieure gauche. Ces 21 grammes doivent être déposés dans le récipient le plus proche de nous, d’une coupelle à un Tupperware. Ces 21 grammes doivent être mélangés à une goutte d’huile d’olive vierge et à un peu d’eau de mer, celle du large, pas trop salée. Le mélange doit être jeté en l’air, puis récupéré à la volée dans un geste acrobatique très délicat. Ce geste très délicat, vous vous en doutez, réduit les chances de l’opération à peau...

Face à un orage, est-ce le début ?, par Vincent Figuéréo

Il y a plus de différences dans la forme et la coupe de mes ongles que de bateaux qui sont amarrés au port ce matin. Des poils trop timides pour sortir sur le dessus. Une cicatrice d’alcool sur l’annulaire. De l’autre côté, des traces, des crevasses.  Hier, plus haut, un éclair.  Il est tombé dans la nuit. Toutes les couleurs en face se sont allumées. Un grondement a étouffé la ville. Ce soir orage. Ses pupilles énormes. Son duvet debout. Ses ongles rentrent dans ma chair. Elle retourne à moi on dirait. Plus animal qu’enfant.  Ai-je oublié d’avoir peur ? L’obscurité me fait peur parce que je ne sais pas. Jamais je n’ai su. Les traits de mon visage se ferment. Mes émotions, primaires. Mon manque de courage, ou mon impossibilité de devenir adulte ? Mes pupilles couleur de ma peur. Mes pupilles aveugles. Mes pupilles.  Mais.  Au fond de mon ventre le doute. En ouvrant ce doute, la peine. Accroché à la peine, la peur la retient ici.  P E U R Air absent, souffle...

Lacydon, par Vincent Figuéréo

C'est ici le royaume des fuyants, des passagers et des oubliés. Pourtant chacun y laisse sa trace. Des taches d'huile aux fientes et du moisi à l'amiante Par là, on ne s'y aventure pas sans raison Serait-ici, dans le chemin du Lacydon. Qu'on trouve et découvre un peu de ce qui nous hante ? Une fois dans l’allée  cependant, pas de bruit Au bout du fond ne vient ni le jour ni la nuit Et repose le Lacydon, service à bas prix. C'est ici le royaume des fuyants, des passagers.  Femme qui boîte toute estropiée Est bien la seule à me saluer. Devant une trace de pisse et une flaque de café Le noir, moins sombre en s'approchant Parait au final plus accueillant Que la rue pleine de lumière  Et de faux - semblants que je hais. C'est ici le royaume des fuyants. De ceux qui nagent dans l'ombre et qui en redemande De ceux que l'on regarde sans besoin qu'ils se vendent Des sales , des authentiques, des spécialistes en électrique. Des parfums oubliés, des tex...