Tane le savait avant tous les autres. Petea l'avait averti. Au cours d'un songe, les deux êtres s'étaient croisés. Inévitablement. L'un vagabondait sur la plage, les pieds recouverts de sable fin, mōrī pata et canne à pêche en main, insouciant. L'autre, guettait les passants, perché dans un tamanu , alerte. Ce dernier interpella Tane : – Enfant des îles, est inscrit en toi le besoin du soleil, de la mer et de l'immensité. Nous sommes faits du même bois. Avance vers moi ! Le petit garçon distinguait une mince silhouette d'entre les branches. Intrigué par cette voix tombée du ciel, il s'approcha puis demanda : – Mais qui es-tu ? – Mon nom est Petea. Âme céleste, sentinelle des terres habitées, je veille sur les archipels. Au milieu des montagnes vibrantes, au-dessus des vallées qui respirent, dans le sel et l'ombre, je porte l'océan, les fossiles en cicatrices et l'empreinte de ta main à la surface de mon rivage. Les ancêtres ...
textes issus d'ateliers d'écriture animés par Martin Chabert