Ce texte est extrait du roman de Gilles Picciola, paru aux éditions Le temps d'un roman. Lien vers le site de l'éditeur : https://www.temps-roman.com/product-page/gilles-picciola-les-cahiers-de-soie-1 À l’automne de 1619, je suis reçu libraire de l’université. Haut de taille et maigre de corps, brun de poil, les yeux nerveux et la voix grave, j’ai dix-huit ans. Je quitte le quai de Gesvres. Monsieur Tacis me confie un portefeuille en cuir. Il contient des écrits de Monsieur Théophile de Viau qui ne peuvent être imprimés en France parce qu’il est protestant. Pour avoir nié l’immortalité de l’âme, Lucilio Vanini est mort sur le bûcher à Toulouse, la langue arrachée. Monsieur me fait ses recommandations : « … quand vous serez en Hollande, allez à Leyde, chez Elzévir… ». Mademoiselle Tacis demeure assise, près de la table, les yeux baissés, en silence. Nos regards se croisent pour se détourner. Nous ne savons pas nous parler. Dans le dos de son père, elle me tend un ca...
textes issus d'ateliers d'écriture animés par Martin Chabert