Les gens de Las Palmas commençaient à m’appeler L’homme au toucan. « Toucan royal ! » Je répondais, et ils enchaînaient souvent : « Est-ce que tu lui as donné un nom ? » et je regardais mon toucan avec une grimace embêtée. Puis j’enchaînais : « Quand j’étais tout petit, je rêvais d’être un Peau-Rouge et mon nom était Toucan Royal. Donc, pour me donner de la chance aujourd’hui, j’ai fait ce toucan sur les quais du port avec du carton et de la peinture. C’est mon totem. » Force est de constater que l’oiseau ne m’a pas vraiment aidé dans mon aventure. Et j’ai erré de longues semaines sur les quais de la marina de Las Palmas, à la recherche d’un bateau pour traverser l’océan. Sans succès. Dans la masse des marins, mon esprit vagabondait dans le vague des étendards flottants. Minuscule parmi les voiliers, je me demandais ce qu’il fallait que je fasse pour qu’un de ces pontons puisse un jour porter mon nom. Parce qu’en récompense d’un acte de bravoure, une rue peut porter votre nom. Par le s...
textes issus d'ateliers d'écriture animés par Martin Chabert