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A propos de ce blog

Ce blog entend donner un lieu de publication aux textes écrits par les participants des ateliers d'écriture animés par Martin Chabert pour l'association Arutam . Vous pouvez retrouver toutes les informations sur les ateliers en cours sur le site ecrireavec.com . >>> Afin de soumettre un texte à publication , veuillez vous assurer : que le texte a bien été écrit ou récrit dans le cadre ou dans la continuité d'un atelier, que l'orthographe et la ponctuation ont bien été revus et corrigés, que le texte respecte les limitations de la liberté d'expression.  Vous pouvez ensuite soumettre votre texte en format texte (et non .pdf) à l'adresse martin@ecrireavec.com .  Dès acceptation, il sera publié tel quel , sans retouche ni correction, et retiré du blog sur simple demande.   Martin Chabert vit à Marseille où il se consacre à l’écriture, à l’animation d’ateliers et à l’enseignement. Il coordonne les activités culturelles et artistiques de l’association ...
Articles récents

Quitter les Oliviers par Ashley Ouvrier

Mme Herzi avait accueilli Géraldine exactement comme les six fois précédentes. Sur son canapé en velours marron, elle avait apporté sur la table basse en verre du salon un plateau sur lequel elle avait disposé une grande cafetière en métal, deux tasses serties d’un liseré d’or et des petits beignets saupoudrés de sésame et de sucre glace qu’elle avait préparés la veille. — On les appelle les doigts de la mariée chez nous, en Algérie, lui avait-elle encore une fois précisé, tandis que Géraldine rassemblait les dernières pièces nécessaires pour constituer le dossier de réclamation de Mme Herzi. Le mari de Madame Herzi, Mohamed Herzi, était un ancien soldat de l’armée française qui avait travaillé trente ans dans la même entreprise de maçonnerie basée à l’Estaque. Il était décédé six mois auparavant d’un cancer des poumons. Et depuis, sans que personne ne comprenne pourquoi, sa veuve, Mme Herzi, s’était retrouvée sans le sou, car elle ne percevait pas la pension de réversion à laquelle el...

Une coupe de cheveux, par Aroun Mariadas

Elle regarde ses deux amies assises sur les bancs en bois, le visage tourné vers le soleil tandis que les enfants dans les arbres crient en rigolant : « Appelez le 17 ! Appelez le 18 ! » Des blagues de gosses, ce n’est rien de plus que cela. Des silences d’adultes qui se reposent, ce n’est rien de plus que cela. Et pourtant, c’est tout à la fois. Derrière elles, ce matin-là, dans les arbres, des enfants accourent, escaladent. Iels grimpent ces êtres massifs et imposants, des arbres préhistoriques comme sortis d’un conte de fées. Elles, elles s’écoutent en riant. Elles rient d’agacement mais aussi de bon cœur du vacarme des mioches. Elles parlent de la lecture d’un manifeste féministe qu’elles sont en train de rater. Elles sont attentives au bruit des vagues. Chacune de leur voix s’échoue tranquillement sur les lattes des transats — doucement — chauffées par les rayons du soleil. Les mots. Les arbres. Les jeux en bois derrière elles. Tout est sculpté. Leur corps alanguis, au repos, qui ...

Les dix vies d’Aurore Dupin, par Cathy Loiseau

Une jeune fille vient d’accoucher. Bébé mort ? Bébé échangé ? Elle ne sait pas, on le lui a caché. Elle est sûre, le bébé a pleuré. Elle entend les pleurs, encore et encore… Où es-tu ? Où es-tu Aurore ? Je suis là ! En l’an de grâce 1902, En ce printemps, j’ouvre les yeux ! Pendant la guerre, une balle me transperce le cœur ! Non, non, n’ayez pas peur ! Nous avons tous droit à plusieurs vies ! Quelques unes des miennes ne seront pas jolies… Cette année-là, maman, maman jolie, Mon père s’est enfui… J’hérite du noir de ses yeux Qui transpercent la pluie… Je fais de mon mieux Pour apprendre la vie. Plus tard, seule, un soir, Je cherche à savoir. Je le retrouve, il est beau, Il peint des tableaux. Je m’inscris à son cours, Le cœur bien trop lourd. Je me découvre la même passion, J’absorbe les mots de ses leçons… Je veux pourtant le tuer ! Je me rends dans son atelier, Un samedi soir enténébré, Mon flingue a un silencieux, Je vise juste, pour...

Un momento sin azúcar, par Renaud Hubig

Les gens de Las Palmas commençaient à m’appeler L’homme au toucan. « Toucan royal ! » Je répondais, et ils enchaînaient souvent : « Est-ce que tu lui as donné un nom ? » et je regardais mon toucan avec une grimace embêtée. Puis j’enchaînais : « Quand j’étais tout petit, je rêvais d’être un Peau-Rouge et mon nom était Toucan Royal. Donc, pour me donner de la chance aujourd’hui, j’ai fait ce toucan sur les quais du port avec du carton et de la peinture. C’est mon totem. » Force est de constater que l’oiseau ne m’a pas vraiment aidé dans mon aventure. Et j’ai erré de longues semaines sur les quais de la marina de Las Palmas, à la recherche d’un bateau pour traverser l’océan. Sans succès. Dans la masse des marins, mon esprit vagabondait dans le vague des étendards flottants. Minuscule parmi les voiliers, je me demandais ce qu’il fallait que je fasse pour qu’un de ces pontons puisse un jour porter mon nom. Parce qu’en récompense d’un acte de bravoure, une rue peut porter votre nom. Par le s...

La chute du giraphon, par Ninon Goder

J'ai envie d'être. Je veux savoir. Est-ce que tu peux. 15 ans en avant ce n'était pas sa chambre Un peu plus loin dans la cour il y a un arbre du vert un chien Il ne nie la cour ni l'arbre ni le chien Il n'a jamais choisi de se dire il Demain il n'a pas réussi à danser jusqu'au bout Il est une femme Boum boum boum Trop de bruit Boum boum boum Il en Elle est Eli Eli est partie avant la fin du cours Eli s'acrobatie d'un jeu de moi en j'elle Comme la branche d'une faille de temps Eli en faille est J'elle J'elle suis perdue dans les bouquets des tiges de l'il avant de retrouver l'elle Il faut que j'elle de moi pour voler le vert le chien la cour Ballade de CorpsTexte  ? Entrez dans la danse Si elle rêve, je cauchemarde en il. La nuit, des griffes égratignent la surface du palais pour emplâtrer ma langue. Le plâtre, ça étouffe les consonnes, ça plombe les voyelles. Le cauchemar s'allonge long dans ma céleste. J'elle veu...

Méduse, par David Amblard

Il y avait des chiens sur le bord de la route, ils formaient des groupes compacts et semblaient affamés. S’approcher d’eux, c’était le risque d’être attaqué. Ils n’étaient pas méchants par nature, juste affamés et épuisés. Ils déambulaient sur le bord des routes, dans les campagnes et les villes. C’était le jour, ou bien la nuit, toujours dans le même véhicule, on les apercevait par la fenêtre. Souvent à la tombée du jour, leurs silhouettes ressortaient clairement quand le soleil se couchait. Elle et lui sortaient à cette heure-là pour observer le soleil s’écraser sur le plancher de la mer. Toutes les nuances de couleurs apparaissaient ; du jaune pour commencer puis l’orange et le rose venaient ensuite prendre le dessus, le bleu clair du ciel disparaît et le violet commençait à émerger pour se transformer en bleu foncé. Souvent côte à côte, le temps passait vite, mais cette dernière image préparait leur coucher. Leurs sourires imprégnaient le paysage pour conclure leur journée. Mainten...