Il y avait des chiens sur le bord de la route, ils formaient des groupes compacts et semblaient affamés. S’approcher d’eux, c’était le risque d’être attaqué. Ils n’étaient pas méchants par nature, juste affamés et épuisés.
Ils déambulaient sur le bord des routes, dans les campagnes et les villes.
C’était le jour, ou bien la nuit, toujours dans le même véhicule, on les apercevait par la fenêtre. Souvent à la tombée du jour, leurs silhouettes ressortaient clairement quand le soleil se couchait. Elle et lui sortaient à cette heure-là pour observer le soleil s’écraser sur le plancher de la mer. Toutes les nuances de couleurs apparaissaient ; du jaune pour commencer puis l’orange et le rose venaient ensuite prendre le dessus, le bleu clair du ciel disparaît et le violet commençait à émerger pour se transformer en bleu foncé. Souvent côte à côte, le temps passait vite, mais cette dernière image préparait leur coucher. Leurs sourires imprégnaient le paysage pour conclure leur journée.
Maintenant le pavé avait remplacé le sable des côtes, et les immeubles élégants de Paris avaient refroidi les couleurs chaudes de ce souvenir. Il était dans sa voiture et cette image lui occupait l’esprit, martelait ses pensées. Revenir en arrière n’était plus possible, il fallait avancer, et conclure. Il avait choisi de se donner rendez-vous dans le centre, dans des lieux connus qu’il avait quittés depuis peu. Revoir ces lieux familiers lui pinçait le cœur. Il ne pouvait effacer cette image de la plage et du bonheur qu’il éprouvait auparavant quand ils y étaient. Il aperçut enfin le Panthéon, dominant les hauteurs de l’avenue. Il retrouvait ces ombres violettes qui recouvrent les bâtiments quand le soleil disparaît. Le trafic était dense et il se rapprochait de l’édifice. Il reconnaît sa silhouette, et sentit la colère envahir sa personne. Pierre était au centre et portait un costume, identifiable par son allure, un costume et des lunettes noires, il se dit qu’il y avait du monde sur cette place, beaucoup de témoins pour un règlement de comptes.
Il trouva une place sur le côté, se gara, et sortit du véhicule. En marchant il repensait encore à elle, au chemin qu’ils faisaient ensemble dans ces rues alentours, des promesses qu’ils s’étaient faites et certaines qui n’avaient pas été tenues.
Avant ils étaient ensemble pour faire ce chemin, esprit, corps et âme connectés pour ne former qu’un ensemble. À cette époque le temps s’effaçait sans aucune interférence, deux personnes côte à côte prêtes à affronter le monde.
Il est désormais à quelques mètres de Pierre, et il le voit plus distinctement désormais. Il ressemble à un fantôme, amaigri et fragile. Il mime la paix alors que c’est la guerre qui s’annonce.
Ce sont ses cheveux rouges écarlates et le souvenir de ses yeux qui lui donnent l’impulsion pour frapper Pierre en plein visage. Celui-ci s’écroule et les gens aux alentours se sont stoppés pour observer. Comme un flash, il la voit elle prenant des photos ; comme elle aimait le faire. Pierre est à terre, le visage en sang, lui est encerclé et veut partir. Il se dit que l’escalier lui permettrait de revenir sur la plage, il ne réfléchit plus, il se dirige vers son véhicule à nouveau.
Il y est arrivé, il essaye d’ouvrir la portière, il regarde sur les côtés pour la voir, elle n’est plus là pour lui sourire.
Cette porte il n’arrive pas à l’ouvrir, il insiste mais elle reste bloquée, il regarde ses clés, elles sont pleines de sang. Il ne les avait pas rangées depuis qu’il était sorti du véhicule, elles sont encore dans ses mains, le sang qui les recouvre l’empêche d’ouvrir son véhicule. Il panique et comprend qu’il est bloqué dehors.
Il avait promis qu’il serait à l’aéroport, il s’imagine que ses pieds sont dans le sable, mais c’est juste du pavé sur lequel il se trouve, dur et solide. L’incomfort se poursuit quand il sent qu’il est saisi par les bras, ce sont des policiers qui l’arrêtent. Plus de bleu turquoise, ni de ciel dégagé, ils l’ont mis dans un véhicule sombre et étriqué. La seule couleur qu’il voit c’est le rouge, il s’imagine que c’est la couleur de ses poignets menottés. Il regarde toujours dehors, ça défile vite, il longe les quais, les toits forment des cuillères et les arbres des bougies. Il sourit quand il voit que le jaune a recouvert les façades. Cela lui rappelle lorsqu’il y avait les manifestations partout dans la capitale, et que les Gilets jaunes comme on les appelait étaient partout dans les rues. Il se rappelle les chants qui étaient criés et les discussions sans but, qui finissaient ces journées.
Il reconnaît la cathédrale, toujours à trancher la Seine avec son ombre. Il se rappelait l’observer d’en haut quand il vivait dans le centre. Les corbeaux un peu partout, en faisant la chasse aux pigeons. Désormais les balcons ferment les volets et les couples s’éteignent...
Il est là devant son juge avec sa robe rouge, le bleu des policiers, et le noir des avocats. Il connaît ces lieux, mais c’est la première fois qu’il se retrouve désormais de l’autre côté dans un box. On l’interroge, on parle à sa place, il a l’impression qu’il ne pourrait ne pas être là, que ça ne changerait pas grand-chose. Ce sont les réquisitions, on lui demande une dernière parole, il se lève et dit : « Quand j’étais en Sicile, j’ai tué une méduse, il faut me croire, j’allais pour la rejoindre mais c’est moi qui l’ai piquée, puis elle est morte dans mes bras. »
Il y a un silence, il regarde dans la salle brièvement, reconnaît des visages, mais ne réagit pas.
Il entend simplement : « Notez Greffier ».
On le raccompagne dans la salle, il est dans une pièce verte, il croit voir un chien à côté de lui, il regarde dans sa pupille ; il n’y voit aucun reflet. Cette vision disparaît rapidement, il est de nouveau seul.
Il est dans la cour, il voit des gens qui déambulent entre les arbres, certains sont en noir et blanc, d’autres en couleurs. La plupart répètent les mêmes mouvements et semblent perdus. Il observe leurs visages, certains paraissent grogner, comme s’ils voulaient aboyer, ils semblent avoir séquestré leurs voix. Leurs mouvements sont rigides et simples, le regard dans le vague. Il pense aux méduses quand il plongeait parmi elles sans peur d’être piqué par elles, il nageait le plus loin possible.
Ils déambulaient sur le bord des routes, dans les campagnes et les villes.
C’était le jour, ou bien la nuit, toujours dans le même véhicule, on les apercevait par la fenêtre. Souvent à la tombée du jour, leurs silhouettes ressortaient clairement quand le soleil se couchait. Elle et lui sortaient à cette heure-là pour observer le soleil s’écraser sur le plancher de la mer. Toutes les nuances de couleurs apparaissaient ; du jaune pour commencer puis l’orange et le rose venaient ensuite prendre le dessus, le bleu clair du ciel disparaît et le violet commençait à émerger pour se transformer en bleu foncé. Souvent côte à côte, le temps passait vite, mais cette dernière image préparait leur coucher. Leurs sourires imprégnaient le paysage pour conclure leur journée.
Maintenant le pavé avait remplacé le sable des côtes, et les immeubles élégants de Paris avaient refroidi les couleurs chaudes de ce souvenir. Il était dans sa voiture et cette image lui occupait l’esprit, martelait ses pensées. Revenir en arrière n’était plus possible, il fallait avancer, et conclure. Il avait choisi de se donner rendez-vous dans le centre, dans des lieux connus qu’il avait quittés depuis peu. Revoir ces lieux familiers lui pinçait le cœur. Il ne pouvait effacer cette image de la plage et du bonheur qu’il éprouvait auparavant quand ils y étaient. Il aperçut enfin le Panthéon, dominant les hauteurs de l’avenue. Il retrouvait ces ombres violettes qui recouvrent les bâtiments quand le soleil disparaît. Le trafic était dense et il se rapprochait de l’édifice. Il reconnaît sa silhouette, et sentit la colère envahir sa personne. Pierre était au centre et portait un costume, identifiable par son allure, un costume et des lunettes noires, il se dit qu’il y avait du monde sur cette place, beaucoup de témoins pour un règlement de comptes.
Il trouva une place sur le côté, se gara, et sortit du véhicule. En marchant il repensait encore à elle, au chemin qu’ils faisaient ensemble dans ces rues alentours, des promesses qu’ils s’étaient faites et certaines qui n’avaient pas été tenues.
Avant ils étaient ensemble pour faire ce chemin, esprit, corps et âme connectés pour ne former qu’un ensemble. À cette époque le temps s’effaçait sans aucune interférence, deux personnes côte à côte prêtes à affronter le monde.
Il est désormais à quelques mètres de Pierre, et il le voit plus distinctement désormais. Il ressemble à un fantôme, amaigri et fragile. Il mime la paix alors que c’est la guerre qui s’annonce.
Ce sont ses cheveux rouges écarlates et le souvenir de ses yeux qui lui donnent l’impulsion pour frapper Pierre en plein visage. Celui-ci s’écroule et les gens aux alentours se sont stoppés pour observer. Comme un flash, il la voit elle prenant des photos ; comme elle aimait le faire. Pierre est à terre, le visage en sang, lui est encerclé et veut partir. Il se dit que l’escalier lui permettrait de revenir sur la plage, il ne réfléchit plus, il se dirige vers son véhicule à nouveau.
Il y est arrivé, il essaye d’ouvrir la portière, il regarde sur les côtés pour la voir, elle n’est plus là pour lui sourire.
Cette porte il n’arrive pas à l’ouvrir, il insiste mais elle reste bloquée, il regarde ses clés, elles sont pleines de sang. Il ne les avait pas rangées depuis qu’il était sorti du véhicule, elles sont encore dans ses mains, le sang qui les recouvre l’empêche d’ouvrir son véhicule. Il panique et comprend qu’il est bloqué dehors.
Il avait promis qu’il serait à l’aéroport, il s’imagine que ses pieds sont dans le sable, mais c’est juste du pavé sur lequel il se trouve, dur et solide. L’incomfort se poursuit quand il sent qu’il est saisi par les bras, ce sont des policiers qui l’arrêtent. Plus de bleu turquoise, ni de ciel dégagé, ils l’ont mis dans un véhicule sombre et étriqué. La seule couleur qu’il voit c’est le rouge, il s’imagine que c’est la couleur de ses poignets menottés. Il regarde toujours dehors, ça défile vite, il longe les quais, les toits forment des cuillères et les arbres des bougies. Il sourit quand il voit que le jaune a recouvert les façades. Cela lui rappelle lorsqu’il y avait les manifestations partout dans la capitale, et que les Gilets jaunes comme on les appelait étaient partout dans les rues. Il se rappelle les chants qui étaient criés et les discussions sans but, qui finissaient ces journées.
Il reconnaît la cathédrale, toujours à trancher la Seine avec son ombre. Il se rappelait l’observer d’en haut quand il vivait dans le centre. Les corbeaux un peu partout, en faisant la chasse aux pigeons. Désormais les balcons ferment les volets et les couples s’éteignent...
Il est là devant son juge avec sa robe rouge, le bleu des policiers, et le noir des avocats. Il connaît ces lieux, mais c’est la première fois qu’il se retrouve désormais de l’autre côté dans un box. On l’interroge, on parle à sa place, il a l’impression qu’il ne pourrait ne pas être là, que ça ne changerait pas grand-chose. Ce sont les réquisitions, on lui demande une dernière parole, il se lève et dit : « Quand j’étais en Sicile, j’ai tué une méduse, il faut me croire, j’allais pour la rejoindre mais c’est moi qui l’ai piquée, puis elle est morte dans mes bras. »
Il y a un silence, il regarde dans la salle brièvement, reconnaît des visages, mais ne réagit pas.
Il entend simplement : « Notez Greffier ».
On le raccompagne dans la salle, il est dans une pièce verte, il croit voir un chien à côté de lui, il regarde dans sa pupille ; il n’y voit aucun reflet. Cette vision disparaît rapidement, il est de nouveau seul.
Il est dans la cour, il voit des gens qui déambulent entre les arbres, certains sont en noir et blanc, d’autres en couleurs. La plupart répètent les mêmes mouvements et semblent perdus. Il observe leurs visages, certains paraissent grogner, comme s’ils voulaient aboyer, ils semblent avoir séquestré leurs voix. Leurs mouvements sont rigides et simples, le regard dans le vague. Il pense aux méduses quand il plongeait parmi elles sans peur d’être piqué par elles, il nageait le plus loin possible.