Mme Herzi avait accueilli Géraldine exactement comme les six fois précédentes. Sur son canapé en velours marron, elle avait apporté sur la table basse en verre du salon un plateau sur lequel elle avait disposé une grande cafetière en métal, deux tasses serties d’un liseré d’or et des petits beignets saupoudrés de sésame et de sucre glace qu’elle avait préparés la veille. — On les appelle les doigts de la mariée chez nous, en Algérie, lui avait-elle encore une fois précisé, tandis que Géraldine rassemblait les dernières pièces nécessaires pour constituer le dossier de réclamation de Mme Herzi. Le mari de Madame Herzi, Mohamed Herzi, était un ancien soldat de l’armée française qui avait travaillé trente ans dans la même entreprise de maçonnerie basée à l’Estaque. Il était décédé six mois auparavant d’un cancer des poumons. Et depuis, sans que personne ne comprenne pourquoi, sa veuve, Mme Herzi, s’était retrouvée sans le sou, car elle ne percevait pas la pension de réversion à laquelle el...
textes issus d'ateliers d'écriture animés par Martin Chabert