J’aime les cailloux et le pain, J’en laisse toujours sur mon chemin. Un jour qu’on n’en avait pas, Ni mon grand frère, ni moi, Il avait mis ses bottes et nous a dit : - C’est tout droit, par ici ! - Ah bon, nous sortons ? - Oui oui, vous avez bien compris ! Nous, on ne voulait pas, mais il a toujours dit : quand on veut, on peut. On est d’abord resté devant la porte, Puis il s’est fâché, et nous a laissés à l’orée de la forêt. Après un temps certain, mon frère a lâché ma main. J’ai couru sur le chemin, lui, était toujours là, assis sur un rocher perché en haut du cerisier. Y en a qui sont terrassés, six pieds sous ciment. Nous avons eu la vie sauve. Je sais où est sa chaumière et de quel bois il se chauffe. La cheminée y fume et le loup dort devant. À sa mort, on dira de lui : Il coupait bien du bois ; fabuleux jardinier, il trouvait toujours les cèpes le premier, Il bâtissait mieux que le plus fort des trois petits cochons. Peut-être même que Blanche-Neige dira : merc...
textes issus d'ateliers d'écriture animés par Martin Chabert