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Affichage des articles associés au libellé Emmanuelle Hardy

A cause du rouge, par Emmanuelle Hardy

Au moment de s'endormir la lampe clignote toujours - Rouge Noir - Dans la nuit de la chambre, elle garde les yeux Ouverts. Un courant d'air passe sur son front. Jamais elle ne s'est résolue à remplacer l'ampoule défectueuse car Le grésillement lui rappelle la Chine À cause du rouge. La nuit nait avec l'intermittence des stroboscopes, elle souffle sa fumée Allongée toute habillée, sa main Se cogne au cendrier quand il réapparait rouge sur la table De nuit. La nuit de nouveau. Ce n'est pourtant pas la fin, la lampe se rallumera. La nuit pourtant Dure chaque fois, plus longtemps La Chine n'en finit plus De mourir. Elle allume une nouvelle cigarette, elle ne s'est jamais résolue à arrêter car Le grésillement lui rappelle la Chine À cause du rouge. Il fallait voir ça À la fin, on ne savait même plus Si la lampe s'était éteinte, si le flash rouge Si rapide qu'on croit l'avoir rêvé Si le flash rouge c'était bien La lampe qui mourait Ou la Chine ...

La scène du baiser, par Emmanuelle Hardy

vous passez, vous passez ça ne m'intéresse plus au début un peu mais maintenant ça fait des années mille fois j'ai vu la scène du baiser au milieu des poubelles débordant des reliefs du jour et de la nuit devant les flics avec leurs chiens comment peut-elle être encore touchante la scène du baiser je regarde toujours quand il y a une scène du baiser le reste, imaginer quelles villes, quels boulots, quels voyages se cachent derrière les gens qui passent ça ne m'intéresse plus vraiment elle elle entre dans la gare par le bout du quai A comme le train de la Ciotat elle remonte doucement le courant je la vois qui remonte le courant elle s'arrête parfois et demande un double je ne suis pas sûr d'avoir bien entendu est-ce qu'elle veut un double son regard s'est déjà vidé elle dort dans sa carcasse Là-bas au bout il y a le ciel mais je ne le regarde plus Pas plus que vous Où allez-vous Vous passez Il n'y a nulle part où s'arrêter de toute façon Les chaises ...

Une image, par Emmanuelle Hardy

Le jardin est clos par de grands conifères frissonnants devant lesquels elle se jette à corps perdu et son corps capturé a brûlé. Alice est assise sur le lit et reprend l'image que mes mains puis mes yeux cherchent à retenir. C'est mon père qui l'a prise, c'est sa cousine là je crois, je ne connais pas son nom. Mais elle ne voit pas la jeune fille qui court dans le jardin, elle ne voit que son image. Pourtant, dans le crépuscule d'un jardin, une silhouette précipitée troue l'image, blanche comme le papillon inattendu pris dans un flash. J'ai vu son visage sur les autres photos, et comme elle riait. Comme elle court ! Impossible de l'arrêter, elle va se jeter sur moi. Comme elle est belle...elle est terrifiante, toute à sa joie. Ses cheveux volent un peu derrière elle, c'est parce qu'elle court à grandes enjambées dans l'herbe. Elle va se jeter sur moi et je l'entends déjà rire. Il est trop tard pour cela, le soleil a déjà décliné derrière...

Une minute, par Emmanuelle Hardy

Jeanne noire et blanche lève une, deux paupières (hésitante) vers un homme, peut importe lequel, des minutes, vil. Que disent les minutes ? Jeanne est blanche, ses lèvres ne se ferment pas encore, sèches, bouche crevassée. L'air, encore, arrondit ses narines. La gorge se dilate. La paupière sur l'iris d'eau décille. On croirait une vague. Depuis la poitrine a remonté une unique, lente, violente, oscillation. Regardez sur son menton l'infime balancier de la question. Cela se peut il ? Dans l'ombre posée sous les yeux, l'arc rond des sourcils en miroir. La langue que l'on devine derrière les dents entrouvertes. Etait-ce cela ? La réponse par les hommes quant à eux dérobée. Jeanne de ses mains couvre son visage impossible. Un instant invisible, escamotée aux regards, Jeanne appelle la nuit qui soustrait. La nuit ne vient pas, Jeanne est blanche. La bouche, le menton. Sa poitrine qui encore palpitait s'...