Accéder au contenu principal

Articles

Affichage des articles du octobre, 2025

Face à un orage, est-ce le début ?, par Vincent Figuéréo

Il y a plus de différences dans la forme et la coupe de mes ongles que de bateaux qui sont amarrés au port ce matin. Des poils trop timides pour sortir sur le dessus. Une cicatrice d’alcool sur l’annulaire. De l’autre côté, des traces, des crevasses.  Hier, plus haut, un éclair.  Il est tombé dans la nuit. Toutes les couleurs en face se sont allumées. Un grondement a étouffé la ville. Ce soir orage. Ses pupilles énormes. Son duvet debout. Ses ongles rentrent dans ma chair. Elle retourne à moi on dirait. Plus animal qu’enfant.  Ai-je oublié d’avoir peur ? L’obscurité me fait peur parce que je ne sais pas. Jamais je n’ai su. Les traits de mon visage se ferment. Mes émotions, primaires. Mon manque de courage, ou mon impossibilité de devenir adulte ? Mes pupilles couleur de ma peur. Mes pupilles aveugles. Mes pupilles.  Mais.  Au fond de mon ventre le doute. En ouvrant ce doute, la peine. Accroché à la peine, la peur la retient ici.  P E U R Air absent, souffle...

Lacydon, par Vincent Figuéréo

C'est ici le royaume des fuyants, des passagers et des oubliés. Pourtant chacun y laisse sa trace. Des taches d'huile aux fientes et du moisi à l'amiante Par là, on ne s'y aventure pas sans raison Serait-ici, dans le chemin du Lacydon. Qu'on trouve et découvre un peu de ce qui nous hante ? Une fois dans l’allée  cependant, pas de bruit Au bout du fond ne vient ni le jour ni la nuit Et repose le Lacydon, service à bas prix. C'est ici le royaume des fuyants, des passagers.  Femme qui boîte toute estropiée Est bien la seule à me saluer. Devant une trace de pisse et une flaque de café Le noir, moins sombre en s'approchant Parait au final plus accueillant Que la rue pleine de lumière  Et de faux - semblants que je hais. C'est ici le royaume des fuyants. De ceux qui nagent dans l'ombre et qui en redemande De ceux que l'on regarde sans besoin qu'ils se vendent Des sales , des authentiques, des spécialistes en électrique. Des parfums oubliés, des tex...

Promenade, par Anny Galopin

Se prendre pour une fleur Attirer les papillons S’envoler avec eux Déployer ses ailes Se vêtir de leurs couleurs Emprunter leur légèreté Et se poser où bon nous semble Le temps d’une inspiration… Pas belle la vie ???   Si l’oiseau chante bien et avec goût, c’est qu’il chante avec action et avec âme, et qu’il s’anime à sa propre voix… Et ça nous fait quelque chose ! C’est comme si les oiseaux nous aidaient à nous émouvoir, à aimer ce qu’on a sous les yeux, comme s’ils intensifiaient et soutenaient notre lien à nos propres milieux…   Je fais une comparaison entre l’oiseau et l’enfant : « Les oiseaux débordent de vie, ne tiennent pas en place, se dépensent, vont et viennent sans nécessité, se plaisant à voler par jeu »… Aux oiseaux comme aux enfants, c’est le mouvement qui est un repos ! Et même la migration est comprise ici comme une guerre faite à l’ennui : « Ils semblent ignorer l’ennui , ils changent de lieu à tout instant, passant d’un pays à un autre, ignorant les distances...

Regard sur l'octogone, par Corinne Gotnich

Regard sur l’octogone Des fenêtres comme des trous, rassemblant toutes les ombres, comme des non-dits. Un point aveugle de la façade, ou des yeux fermés. Un visage à lire, un visage qui ne se laisse pas regarder. Autour du bâtiment, zéro vie. Des murs glacés, des aspérités rosées aimantant le regard. De loin, on s’éloigne des façades dorées à l’or fin, baignées par un soleil fou furieux. On s’éloigne jusqu’au moment où cinq silhouettes apparaissent sur un pont blanc, dans la lumière. Au-dessus, des nuages joufflus s’effilochent dans un courant d’air à peine refroidi. Nouveau regard sur l’octogone foncé Re g ard caméra — de droite à gauche, de gauche à droite. Balayage rapide de l’espace. L’obscurité se déplace d’un point A à un point B. Elle ressort des immeubles monolithiques du front de mer, dont la pierre blonde respire naturellement, absorbant les graines de lumière qu’elle rejette aussitôt. Deux bateaux blancs glissent sur la mer ondulée et lumineuse. Un point blanc sur un miroir ...