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Articles

Affichage des articles du août, 2024

Dans le miroir, par Martin Chabert

dans le miroir un camion déformé aplati surgit lentement à l’intersection dévoilant lentement un panneau une indication un peu tordue au niveau de la flèche le métal rappé difforme peut-être un camion l’a-t-il embouti peut-être intentionnellement comme une correction après coup comme une demande de changement de direction le gravier du gravier sur le béton le gravier formant des petits tas sur la chaussée brusquement évités ou découverts trop tardivement dans un sursaut dans le fracas des vitres à en retirer sa tête le tronc chétif la multitude de troncs chétifs aux feuilles comme des doigts palmés qui remuent entre les deux voies rapides où tombent une à une les figues minuscules et vertes qu’on ne prend pas la peine d’éviter oh si elles étaient bien rouges et molles il y aurait du jus qui sortirait comme un épais sirop du petit trou qu’il y a sous elles alors on pourrait trouver plaisir à rouler dessus quitte à salir ses pneus (peut-on tâcher un pneu?) en attendant elles s’amoncellen...

Une image, par Emmanuelle Hardy

Le jardin est clos par de grands conifères frissonnants devant lesquels elle se jette à corps perdu et son corps capturé a brûlé. Alice est assise sur le lit et reprend l'image que mes mains puis mes yeux cherchent à retenir. C'est mon père qui l'a prise, c'est sa cousine là je crois, je ne connais pas son nom. Mais elle ne voit pas la jeune fille qui court dans le jardin, elle ne voit que son image. Pourtant, dans le crépuscule d'un jardin, une silhouette précipitée troue l'image, blanche comme le papillon inattendu pris dans un flash. J'ai vu son visage sur les autres photos, et comme elle riait. Comme elle court ! Impossible de l'arrêter, elle va se jeter sur moi. Comme elle est belle...elle est terrifiante, toute à sa joie. Ses cheveux volent un peu derrière elle, c'est parce qu'elle court à grandes enjambées dans l'herbe. Elle va se jeter sur moi et je l'entends déjà rire. Il est trop tard pour cela, le soleil a déjà décliné derrière...

Une minute, par Emmanuelle Hardy

Jeanne noire et blanche lève une, deux paupières (hésitante) vers un homme, peut importe lequel, des minutes, vil. Que disent les minutes ? Jeanne est blanche, ses lèvres ne se ferment pas encore, sèches, bouche crevassée. L'air, encore, arrondit ses narines. La gorge se dilate. La paupière sur l'iris d'eau décille. On croirait une vague. Depuis la poitrine a remonté une unique, lente, violente, oscillation. Regardez sur son menton l'infime balancier de la question. Cela se peut il ? Dans l'ombre posée sous les yeux, l'arc rond des sourcils en miroir. La langue que l'on devine derrière les dents entrouvertes. Etait-ce cela ? La réponse par les hommes quant à eux dérobée. Jeanne de ses mains couvre son visage impossible. Un instant invisible, escamotée aux regards, Jeanne appelle la nuit qui soustrait. La nuit ne vient pas, Jeanne est blanche. La bouche, le menton. Sa poitrine qui encore palpitait s'...

De part et d'autre des platanes, par Martin Chabert

de part et d’autre les platanes droits comme des poteaux alignés  courraient le long des pierres blanches assombries  par l’heure tardive quelle perspective s’offrait à lui cela se perdait  se heurtait quelque part au loin contre cette façade grise perdue  sur le béton aplati de frais sur le trottoir sur la route  avait roulé par terre une jante reposant à plat cachant  sa marque fuligineuse peut-être de luxe d’après le contexte local  mais souillant le voisinage les ombres lentes percutant les objets  les ombres avancent lentement sans obstacle s’arrêtent  se répandent au sol comme une tasse de café s’évasent  au bout de la rue là où la rencontre va avoir lieu là où  la façade attend blanchie par l’arrivée imminente comme  nettoyée en mesure un sommet pointu une clôture cossue un chat  y attend regarde fixe les lances vertes foncées comme les platanes  au-dessus à peine découpés sur les nuages glissant gris ouverts...

A propos de ce blog

Ce blog entend donner un lieu de publication aux textes écrits par les participants des ateliers d'écriture animés par Martin Chabert pour l'association Arutam . Vous pouvez retrouver toutes les informations sur les ateliers en cours sur le site ecrireavec.com . >>> Afin de soumettre un texte à publication , veuillez vous assurer : que le texte a bien été écrit ou récrit dans le cadre ou dans la continuité d'un atelier, que l'orthographe et la ponctuation ont bien été revus et corrigés, que le texte respecte les limitations de la liberté d'expression.  Vous pouvez ensuite soumettre votre texte en format texte (et non .pdf) à l'adresse martin@ecrireavec.com .  Dès acceptation, il sera publié tel quel , sans retouche ni correction, et retiré du blog sur simple demande.   Martin Chabert vit à Marseille où il se consacre à l’écriture, à l’animation d’ateliers et à l’enseignement. Il coordonne les activités culturelles et artistiques de l’association ...