dans le miroir un camion déformé aplati surgit lentement à l’intersection dévoilant lentement un panneau une indication un peu tordue au niveau de la flèche le métal rappé difforme peut-être un camion l’a-t-il embouti peut-être intentionnellement comme une correction après coup comme une demande de changement de direction
le gravier du gravier sur le béton le gravier formant des petits tas sur la chaussée brusquement évités ou découverts trop tardivement dans un sursaut dans le fracas des vitres à en retirer sa tête
le tronc chétif la multitude de troncs chétifs aux feuilles comme des doigts palmés qui remuent entre les deux voies rapides où tombent une à une les figues minuscules et vertes qu’on ne prend pas la peine d’éviter oh si elles étaient bien rouges et molles il y aurait du jus qui sortirait comme un épais sirop du petit trou qu’il y a sous elles alors on pourrait trouver plaisir à rouler dessus quitte à salir ses pneus (peut-on tâcher un pneu?) en attendant elles s’amoncellent par terre s’aplatissent sur le béton forment des petites bosses sèches
les bandes blanches les bandes blanches les bandes blanches se resserrent se séparent bifurquent à droite les graviers sous les caoutchoucs la poussière à trois mètres à deux mètres arrivent dans le bruit le tressautement du pare-brise dans la sortie pas la bonne
comme la mousseline attachée les pare-brise les jour de célébration le produit lave-vitre jaillit du capot éblouissant étalant sur le ciel qui se dévoile des insectes aux silhouettes méconnaissables puis les efface puis les ressuscite puis les efface de nouveau selon les à-coups de plus en plus stridents des essuie-glace l’eau gorgée de crasse s’épaississant échouant au bord des arcs de cercle qui se dessinent maintenant nettement
l’espace vide le ciel vide sous les résidus de poussière fantomatiques la route s’insinuant dans les collines au loin la rocaille dispersée s’agglutinant de plus en plus nombreuse autour formant elle-même des tas comme de nouvelles collines grises et blanches se perdant dans l’ocre
le coffre devant se rapprochant dangereusement apparaissant hors de la fumée avec des planches qui dépassent dangereusement du coffre vérifiant la sangle du regard freinant baissant la vitre venant d’être fermée penchant la tête dépassant la tête ça dépasse beaucoup quand même laissant la vitre ouverte Ferme la vitre la fumée mon amour s’il-te-plaît
encore un panneau recourbé à l’angle supérieur droit quel accident a-t-il pu provoquer cela quel oiseau quel chasseur enragé quel casque de motard a-t-il pu percuter l’angle du panneau
à droite le champ la friche les entrepôts indistincts aux enseignes éteintes disparaissent dans le ralentissement
au milieu au bord quelqu’un un homme debout de biais les mains au niveau de la ceinture le vent dispersant les gouttes par petites saccades la vue se dégageant vers un petit bois peut-être remontant ses mains les essuyant sur son pantalon s’étirant devant le paysage au milieu des voitures Bonjour
l’homme devant remontant dans sa voiture maintenant avec un sac en plastique posé par terre avant avec un paquet de galettes bretonnes dedans la porte claquant la station apparaît alors à travers la fumée Pourquoi a-t-il pissé juste avant la station demande-t-elle ?
décembre 2021