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De part et d'autre des platanes, par Martin Chabert

de part et d’autre les platanes droits comme des poteaux alignés 

courraient le long des pierres blanches assombries 

par l’heure tardive quelle perspective s’offrait à lui cela se perdait 

se heurtait quelque part au loin contre cette façade grise perdue 

sur le béton aplati de frais sur le trottoir sur la route 

avait roulé par terre une jante reposant à plat cachant 

sa marque fuligineuse peut-être de luxe d’après le contexte local 

mais souillant le voisinage les ombres lentes percutant les objets 

les ombres avancent lentement sans obstacle s’arrêtent 

se répandent au sol comme une tasse de café s’évasent 

au bout de la rue là où la rencontre va avoir lieu là où 

la façade attend blanchie par l’arrivée imminente comme 

nettoyée en mesure un sommet pointu une clôture cossue un chat 

y attend regarde fixe les lances vertes foncées comme les platanes 

au-dessus à peine découpés sur les nuages glissant gris ouverts 

il va pleuvoir avant d’arriver peut-être vite déjà le chat n’est plus là le ciel

paraissant vide comme la rue vide malgré les nuages bien présents 

où s’abriter ? le bâtiment au crépis maintenant les nuances 

de gris apparaissent les petits poteaux amorcent 

une ouverture ou une fermeture comme un portique je suis le premier 

les murs muets interdits la voiture garée loin maintenant 

je suis seul où sont-ils on dirait qu’il n’y a personne si je m’avance 

la porte va-t-elle s’ouvrir ou coulisser vers un espace climatisé 

tout est vide sauf le chat qui m’a suivi j’ai roulé jusqu’ici seul 

j’ai eu un petit accident j’espère qu’ils n’ont pas annulé sans prévenir 

j’attends

 

octobre 2021