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Éternel retour, par Corinne Gotnich

Fondu au noir
Petit matin
s'extirper 
Le réveil sonne il insiste son standard.
Dormir sans rêve c'était bien 
Oublier ce qui s'est passé.
Ça s'est passé quand ?
Est-ce que ça s'est passé d'ailleurs ailleurs ?
Allumer la lumière

Allumer la lumière électrique
caresser le bouton noir de la lampe bleue posée sur la table à côté du lit.
Enfouie dans l'oreiller violet
Respirer le tissu.
La main sort du lit
Le pied sort du lit l'air libre l'agresse un peu
Il le mord un peu quand même.
Aller vers la baie vitrée relever le store sans bruit.
Décoller la nuit collée à la fenêtre.
Il y a le bruit léger comme un roulis au fond de la rue, le bruit décolle à peine le bruit qui vole
Le bruit qui voile
Le bruit un voile déchiré.
Et le pied sur le tapis
Et la main elle est posée où ? 
Penser à la vague
Pensée vague diluée dans la couleur blême
La vague lèche le sable mouillé
Lentement l'écume blanche comme une dentelle légère se pose et disparaît avalée.
Jaillissement
Recommencement
Éclatement 
sans bruit comme une bulle de savon au soleil d'or
Penser à la vague
Penser à la vague  éternelle
Éternel retour
Des larmes salées sortent de leur gangue.
On ne se méfie jamais assez des choses simples donc lumineuses.