Il était une fois
Une rêveuse
Accrochée à son rêve !
Le rêve et elle s’aimaient si fort
Qu’ils s’épousèrent
Et eurent beaucoup d’enfants…
Les petits rêves se promenaient partout.
Ils se faisaient parfois attraper
Par un promeneur égaré
Qui avait besoin d’aide pour rêver…
C’était alors un nouveau départ,
Un départ de rêve !
Regarde bien autour de toi.
Il y a peut-être le rêve que tu attends…
« Que diriez-vous de déjeuner avec moi, si je m’engage à payer la note ? »
Il s’était approché de sa table, alors qu’elle prenait tranquillement un café. Le lieu ne prêtait pas à confusion, dans le sens d’une recherche de rencontre : incolore, inodore et sans saveur !
C’était un lieu tout à fait ordinaire, agréable à fréquenter par toute personne qui aimait se poser pour prendre un peu de bon temps, sans se poser de question incongrue.
Tranquillité et sérénité absolues…
L’homme n’avait rien d’un voyou, bien au contraire. On pouvait dire qu’il faisait bon chic, bon genre. Bien sous tout rapport !
N’étant pas dans la volonté de blesser qui que ce soit dans sa vie au quotidien, la jeune femme se sentait comme prise au piège.
De quoi avait-elle l’air ?
Ne s’assimilant pas à la classe des déesses, ni à celle des femmes libérées dans le sens excessif du terme, l’engagement du paiement la laissait plus que rêveuse, et limite agressive.
Une blessure ancienne s’était rouverte !
Pour qui me prend-il ?, lui disait sa petite voix, celle qu’elle avait l’habitude d’écouter pour se protéger des aventures nauséabondes.
En même temps, son humanisme d’idéaliste bienveillante lui ouvrait une piste inattendue.
Cet homme qui n’éveillait pas le soupçon de la délinquance ne souhaitait-il pas dialoguer avec elle, dans un moment de vide arrivé tristement dans sa vie, et ceci, sans aucune volonté de la mettre en difficulté ?
À y regarder sans paranoïa, c’était presque un élan de confiance que cet homme lui offrait, sans penser à mal.
Nous ne sommes plus au Moyen Âge, et pouvoir échanger librement entre hommes et femmes n’engage pas dans un rapport de corps…
La situation était particulière, d’autant qu’elle ne s’imaginait pas se faire offrir un repas au nom d’une invitation inattendue, et sans raison d’être pour elle. Ce n’était pas dans ses habitudes.
Et lui ???
N’allait-elle pas fabriquer un mensonge pour lui répondre, libérée de toute culpabilité ?
Elle le formula avec délicatesse et enrobé d’un sourire sans équivoque :
« C’eût été avec plaisir, Monsieur, si je n’étais pas engagée ce midi dans un rendez-vous professionnel de grande importance ! »
Qui était-il et que voulait-il, à vrai dire ?
Ne s’attendant pas à une réponse aussi aimable, l’homme fut saisi et ne dissimula pas son émotion.
« Je vous avais bien devinée », lui dit-il, ému :
« Une femme de qualité qui ne cherche pas le conflit, et ne met pas l’homme dans une case de prédateur, sans savoir qui il est !
Je déjeunerai seul et satisfait.
J’ai osé demander pour m’affirmer.
J’obtiens une réponse à ma demande, réponse qui me ravit !
Belle vie à Vous, Madame… »
« À vous de même, cher ami ! »
Et tout s’arrêta là…
Des portes ne s’ouvraient-elles pas, pour un futur heureux ?
textes issus d'ateliers d'écriture animés par Martin Chabert