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A propos de ce blog

Ce blog entend donner un lieu de publication aux textes écrits par les participants des ateliers d'écriture animés par Martin Chabert pour l'association Arutam . Vous pouvez retrouver toutes les informations sur les ateliers en cours sur le site ecrireavec.com . >>> Afin de soumettre un texte à publication , veuillez vous assurer : que le texte a bien été écrit ou récrit dans le cadre ou dans la continuité d'un atelier, que l'orthographe et la ponctuation ont bien été revus et corrigés, que le texte respecte les limitations de la liberté d'expression.  Vous pouvez ensuite soumettre votre texte en format texte (et non .pdf) à l'adresse martin@ecrireavec.com .  Dès acceptation, il sera publié tel quel , sans retouche ni correction, et retiré du blog sur simple demande.   Martin Chabert vit à Marseille où il se consacre à l’écriture, à l’animation d’ateliers et à l’enseignement. Il coordonne les activités culturelles et artistiques de l’association ...
Articles récents

Bas les masques, par Christiane Fielba

Hier encore, j’étais heureuse.   Ce matin, la neige tombe à gros flocons et nous sommes tous prisonniers dans cette salle de classe.   Je suis professeur des écoles, pour moi tout est tracé d’avance ; pour mes élèves, c’est plus difficile : ils sont assis là, perplexes, attendant une consigne de ma part.   Je propose le jeu des masques, mais ceux qui sont accrochés dans la salle sont des masques de carnaval. Toute ma vie, j’ai détesté les déguisements, les thèmes imposés.   Je leur fais part de ma proposition. Moi, les masques me font penser à la mort, aux hold-ups, aux grands brûlés, aux tragédies grecques.   Mes élèves, eux, jouent le jeu plus facilement. Ils envisagent même d’improviser une petite comédie.   Je leur laisse libre choix. Ils s’organisent et vont se concentrer. Ils sont dix protagonistes. Moi, j’ai pris mon smartphone et je cherche la définition du mot masque :   1. Objet dont on couvre le visage humain pour transformer son aspect natu...

La colère, par Cathy Loiseau

On me dit que ça ne sert à rien la colère ! Après tout, contre l’injustice, Que peut-on y faire ? Le monde tournoie et glisse, La colère est en toi en moi en nous, La colère les gens deviennent fous, Je suis en colère sur mon papier, Je tue avec mon stylo, Je tire je tire c’est rigolo, Je tue ces monstres baveux, Je tire ça devient monstrueux, Je tue les psychopathes, Je tue la crème en costard cravate. Ma colère s’ouvre devant moi, Je tire je ne sais pas pourquoi… Ma colère est la plus forte Ma colère elle m’ouvre toutes les portes… Chez moi quelqu’un sonne : Tiens donc, je n’attends personne. Une voix alors à mes oreilles résonne : Qui es-tu, toi, pour tuer ? Si je tue, c’est… juste sur le papier. D’ailleurs, tuer ce n’est pas du tout rigolo Et puis ce ne sont juste que des mots, Un texte dans un de mes recueils, Je vous en prie, je ne veux pas finir dans un cercueil. Je veux vivre en paix, Vivre d’Amour et d’Amitié… Et là, une ombre s’avance, furtive. Je vous...

Cave, par Thibaut Bracq

C’était comme une fatalité, je ne pouvais réprimer mon attrait pour cette cave, froide, densément sombre, cavité aux dimensions impossibles à mesurer, tant la lumière artificielle peinait à éclairer ses murs. A chaque fois, j’ouvrais la porte sur l’escalier en colimaçon et je descendais sans guide ni lampe torche vers un trou noir, astronomie inversée des pôles. Seules les flammes vives des cierges dérobés à l’église me permettaient d’affronter les marches grinçantes de l’escalier, invitant le voyageur timide que j’étais à sombrer. J’essayais de ne pas cramer mes habits du dimanche, à vouloir trop protéger les flammes de l’humidité. J’étais le seul enfant de ces repas en famille, et mes fringues ressemblaient à celles d’un empereur empaillé tout droit sorti d’un musée de Marionnettes. Je n’avais pas le droit de me salir, sinon c’était la débandade le soir à la maison, cris et retour de bâtons du roi père, sceptre et puissance de feu sur mes joues endolories. Pourquoi cette violence, ...

Agir, par Thibaut Bracq

Il pleut sur une matinée de janvier telle qu’on aimerait ne pas en vivre. Un air de Toussaint, de lendemain de fête des morts, quand même la promesse de la fête s’est éteinte, quand il ne reste plus que le deuil, le jour d’après l’enterrement, le jour d’après les fleurs et les condoléances, quand plus personne n’est là pour sauver la petite flamme vive en vous. Selim est un des rares à avoir bravé la bruine glacée qui tombe sur Dunkerque. Le ciel se confond avec la mer, une même teinte qui donne envie d’épouser sa couette. Il se réfugie dans le bar en bas de chez lui, posé sur la grève. Il se pose à la même place, stratégique, devant la baie vitrée, une vue plongeante sur l’horizon, aux premières loges pour observer les quelques clients du matin. Le serveur lui apporte un expresso avec un verre d’eau, il n’a même plus besoin de commander. Les habitudes sont tenaces. Ils se parlent peu, échangent de menues politesses. Dans la foulée, un jeune homme entre, l’allure détrempée, il dégag...

Il y a au loin un son qui se répète, par David Amblard

Il y a au loin un son qui se répète Une couleur qui revient Le sol est dure et blanc Quand t'es yeux s'ouvrent Ceux sont les rochers qui apparaissent et le cœur qui accélèrent Comment refaire le chemin inverse Revenir sur ses pas Cesse de répéter les maux Tu as déjà joué cette partie Lancé les dès sur la table des possibles Tu as arraché cette rose Pourquoi te plains tu de ne garder que les épines Souviens toi aussi de ses odeurs et de son parfum Rien n 'est comparable à l'horizon Tu peux regarder ce bleu et ce vert qui t'entoure Ta prison n 'est pas pire que celle de ceux qui t'entoure Tu l'as juste ignoré tout le temps Coupe cette main qui t'a enfermé Aiguise ta lame avec douceur  et frappe avec désespoir Ce son s'est transformé en vagues et ces rochers en amis

2 minutes, par Nathalie Leclère

2 minutes d’écriture sans réfléchir 2 minutes d’écriture dans l’absence de pensée Il a dit ça 2 minutes sans repos pour le stylo, mais le cerveau au repos J’ai entendu ça Remplir des lignes d’écriture, donner aux lignes la forme de mots Remplir la page de mots vides, vides de pensée mais toujours chargés de sens, le sens de l’absence de pensée Pour chaque mot un sens, parfois plusieurs Un mot peut-il surgir sans pensée, sans réflexion ? Par le simple pouvoir de la main Sans cerveau pour souffleur, sans cerveau pour maître, sans cerveau pour… dictateur 2 minutes d’écriture dans l’absence de contrôle 2 minutes d’écriture en roue libre Que raconte la main autonome ? La main affranchie du cerveau Je regarde la main qui écrit. Je vois les doigts bleus. La main dit le bleu. La main aujourd’hui dit le bleu, le travail de la teinture indigo mais pas toujours. Le stylo dans la main n’écrit pas seul. Le stylo dans la main n’écrit pas seul. Non, désolée. Le stylo dans...