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Articles

A propos de ce blog

Ce blog entend donner un lieu de publication aux textes écrits par les participants des ateliers d'écriture animés par Martin Chabert pour l'association Arutam . Vous pouvez retrouver toutes les informations sur les ateliers en cours sur le site ecrireavec.com . Afin de soumettre un texte à publication , veuillez vous assurer : >>> que le texte est bien issu d'un atelier, >>> que l'orthographe et la ponctuation ont bien été revus et corrigés, >>> que le texte respecte les limitations de la liberté d'expression.    Vous pouvez ensuite soumettre votre texte en format texte (et non .pdf) à l'adresse martin@ecrireavec.com . Dès acceptation, il sera publié tel quel  et retiré du blog sur simple demande. Martin Chabert vit à Marseille où il se consacre à l’animation d’ateliers et à l’écriture. Il coordonne les activités culturelles et artistiques de l’association Arutam depuis sa création en 2019. Ses différentes expériences d'ani...
Articles récents

Face à un orage, est-ce le début ?, par Vincent Figuéréo

Il y a plus de différences dans la forme et la coupe de mes ongles que de bateaux qui sont amarrés au port ce matin. Des poils trop timides pour sortir sur le dessus. Une cicatrice d’alcool sur l’annulaire. De l’autre côté, des traces, des crevasses.  Hier, plus haut, un éclair.  Il est tombé dans la nuit. Toutes les couleurs en face se sont allumées. Un grondement a étouffé la ville. Ce soir orage. Ses pupilles énormes. Son duvet debout. Ses ongles rentrent dans ma chair. Elle retourne à moi on dirait. Plus animal qu’enfant.  Ai-je oublié d’avoir peur ? L’obscurité me fait peur parce que je ne sais pas. Jamais je n’ai su. Les traits de mon visage se ferment. Mes émotions, primaires. Mon manque de courage, ou mon impossibilité de devenir adulte ? Mes pupilles couleur de ma peur. Mes pupilles aveugles. Mes pupilles.  Mais.  Au fond de mon ventre le doute. En ouvrant ce doute, la peine. Accroché à la peine, la peur la retient ici.  P E U R Air absent, souffle...

Lacydon, par Vincent Figuéréo

C'est ici le royaume des fuyants, des passagers et des oubliés. Pourtant chacun y laisse sa trace. Des taches d'huile aux fientes et du moisi à l'amiante Par là, on ne s'y aventure pas sans raison Serait-ici, dans le chemin du Lacydon. Qu'on trouve et découvre un peu de ce qui nous hante ? Une fois dans l’allée  cependant, pas de bruit Au bout du fond ne vient ni le jour ni la nuit Et repose le Lacydon, service à bas prix. C'est ici le royaume des fuyants, des passagers.  Femme qui boîte toute estropiée Est bien la seule à me saluer. Devant une trace de pisse et une flaque de café Le noir, moins sombre en s'approchant Parait au final plus accueillant Que la rue pleine de lumière  Et de faux - semblants que je hais. C'est ici le royaume des fuyants. De ceux qui nagent dans l'ombre et qui en redemande De ceux que l'on regarde sans besoin qu'ils se vendent Des sales , des authentiques, des spécialistes en électrique. Des parfums oubliés, des tex...

Promenade, par Anny Galopin

Se prendre pour une fleur Attirer les papillons S’envoler avec eux Déployer ses ailes Se vêtir de leurs couleurs Emprunter leur légèreté Et se poser où bon nous semble Le temps d’une inspiration… Pas belle la vie ???   Si l’oiseau chante bien et avec goût, c’est qu’il chante avec action et avec âme, et qu’il s’anime à sa propre voix… Et ça nous fait quelque chose ! C’est comme si les oiseaux nous aidaient à nous émouvoir, à aimer ce qu’on a sous les yeux, comme s’ils intensifiaient et soutenaient notre lien à nos propres milieux…   Je fais une comparaison entre l’oiseau et l’enfant : « Les oiseaux débordent de vie, ne tiennent pas en place, se dépensent, vont et viennent sans nécessité, se plaisant à voler par jeu »… Aux oiseaux comme aux enfants, c’est le mouvement qui est un repos ! Et même la migration est comprise ici comme une guerre faite à l’ennui : « Ils semblent ignorer l’ennui , ils changent de lieu à tout instant, passant d’un pays à un autre, ignorant les distances...

Regard sur l'octogone, par Corinne Gotnich

Regard sur l’octogone Des fenêtres comme des trous, rassemblant toutes les ombres, comme des non-dits. Un point aveugle de la façade, ou des yeux fermés. Un visage à lire, un visage qui ne se laisse pas regarder. Autour du bâtiment, zéro vie. Des murs glacés, des aspérités rosées aimantant le regard. De loin, on s’éloigne des façades dorées à l’or fin, baignées par un soleil fou furieux. On s’éloigne jusqu’au moment où cinq silhouettes apparaissent sur un pont blanc, dans la lumière. Au-dessus, des nuages joufflus s’effilochent dans un courant d’air à peine refroidi. Nouveau regard sur l’octogone foncé Re g ard caméra — de droite à gauche, de gauche à droite. Balayage rapide de l’espace. L’obscurité se déplace d’un point A à un point B. Elle ressort des immeubles monolithiques du front de mer, dont la pierre blonde respire naturellement, absorbant les graines de lumière qu’elle rejette aussitôt. Deux bateaux blancs glissent sur la mer ondulée et lumineuse. Un point blanc sur un miroir ...

La Vierge, la Putain, la Sorcière, par Anna Schmit

 ... Ou une sainte trinité au féminin Mesdames, Messieurs Prêtez-moi attention, J’ai une histoire à vous raconter Celle du plus grand secret de l’humanité Je la tiens de Sainte Anne, mère de Marie Qui, fière de sa fille, me l’avoua Mais chut ! N’allez pas lui dire que je vous l’ai raconté Car la grand-mère de Dieu est soupe au lait Et pourrait bien se fâcher Voilà que Dieu dans sa grandeur a offert aux femmes un véritable pouvoir Le plus grand de tous les pouvoirs Convoité par les hommes de loi comme par les hommes de foi Il accorde au féminin la Sainte Trinité La fille, la mère, la sainte âme Ou la Vierge, la Putain, la Sorcière * Il était une fois, Une belle jeune fille Au visage rond Aux joues roses et charnues Aux yeux clairs comme l’océan Et au corset si serré, qu’elle ne pouvait respirer De son corps potelé se dégageait une odeur de crème fraîche et de petit lait. Nous l’appellerons Marie, ou Myriam, surnommée la Vierge Elle hoquetait ; les larmes qui coinçaient dans sa gorge...

The Massalia Conte System, par Vincent Lagarde

... extrait du recueil des contes de Monsieur V Le petit Luc n’était pas un enfant sage, tous les mercredis matin, il collait son front sur le chauffage pour échapper à l’école. De guerre lasse, la maman appelait son propre père pour le garder. Le papet venait toujours avec son grimoire rempli d’histoires, il s’asseyait au bord du lit et, à chaque fois, il ironisait. Le papet : « Eh bien, mon garçon, tu as l’air d’aller mieux, je crois bien que tu peux aller en classe. » Luc : « Non, non, tu te goures, papet, je suis souffrant et impotent, comme la mamie dans l’histoire avec le loup. Argh… » Il mimait alors son agonie. Le papet, point dupe, reprit : « Alors, comme par hasard, une bonne histoire te remettra sur pied ? » Luc : « Oui, si elle dure toute la journée. » Le papet : « En voilà un garçon gourmand, et la gourmandise est un vilain défaut. » Luc : « Oui je sais, tu l’as lue plein de fois, Hansel et Gretel. Je veux une autre histoire ! » Le papet, feuilletant son grimoire, s’arrêta...