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Articles

A propos de ce blog

Ce blog entend donner un lieu de publication aux textes écrits par les participants des ateliers d'écriture animés par Martin Chabert pour l'association Arutam . Vous pouvez retrouver toutes les informations sur les ateliers en cours sur le site ecrireavec.com . Afin de soumettre un texte à publication , veuillez vous assurer : >>> que le texte a bien été écrit ou récrit dans le cadre ou dans la continuité d'un atelier, >>> que l'orthographe et la ponctuation ont bien été revus et corrigés, >>> que le texte respecte les limitations de la liberté d'expression.    Vous pouvez ensuite soumettre votre texte en format texte (et non .pdf) à l'adresse martin@ecrireavec.com . Dès acceptation, il sera publié tel quel , sans retouche ni correction, et retiré du blog sur simple demande. Martin Chabert vit à Marseille où il se consacre à l’animation d’ateliers et à l’écriture. Il coordonne les activités culturelles et artistiques de l’associ...
Articles récents

La Vierge, la Putain, la Sorcière, par Anna Schmit

 ... Ou une sainte trinité au féminin Mesdames, Messieurs Prêtez-moi attention, J’ai une histoire à vous raconter Celle du plus grand secret de l’humanité Je la tiens de Sainte Anne, mère de Marie Qui, fière de sa fille, me l’avoua Mais chut ! N’allez pas lui dire que je vous l’ai raconté Car la grand-mère de Dieu est soupe au lait Et pourrait bien se fâcher Voilà que Dieu dans sa grandeur a offert aux femmes un véritable pouvoir Le plus grand de tous les pouvoirs Convoité par les hommes de loi comme par les hommes de foi Il accorde au féminin la Sainte Trinité La fille, la mère, la sainte âme Ou la Vierge, la Putain, la Sorcière * Il était une fois, Une belle jeune fille Au visage rond Aux joues roses et charnues Aux yeux clairs comme l’océan Et au corset si serré, qu’elle ne pouvait respirer De son corps potelé se dégageait une odeur de crème fraîche et de petit lait. Nous l’appellerons Marie, ou Myriam, surnommée la Vierge Elle hoquetait ; les larmes qui coinçaient dans sa gorge...

The Massalia Conte System, par Vincent Lagarde

... extrait du recueil des contes de Monsieur V Le petit Luc n’était pas un enfant sage, tous les mercredis matin, il collait son front sur le chauffage pour échapper à l’école. De guerre lasse, la maman appelait son propre père pour le garder. Le papet venait toujours avec son grimoire rempli d’histoires, il s’asseyait au bord du lit et, à chaque fois, il ironisait. Le papet : « Eh bien, mon garçon, tu as l’air d’aller mieux, je crois bien que tu peux aller en classe. » Luc : « Non, non, tu te goures, papet, je suis souffrant et impotent, comme la mamie dans l’histoire avec le loup. Argh… » Il mimait alors son agonie. Le papet, point dupe, reprit : « Alors, comme par hasard, une bonne histoire te remettra sur pied ? » Luc : « Oui, si elle dure toute la journée. » Le papet : « En voilà un garçon gourmand, et la gourmandise est un vilain défaut. » Luc : « Oui je sais, tu l’as lue plein de fois, Hansel et Gretel. Je veux une autre histoire ! » Le papet, feuilletant son grimoire, s’arrêta...

La pente, par Martin Gracia

Ici, il n’y a pas d’errance, pas de révérence. En pente, il fait 40°tous les jours, qu’il vente, qu’il pleuve ou qu’il neige. Regard droit, tourné vers l’horizon. Et hop, lever le pied. Pointe de pied tendu, haut hisse le mollet ! Tourner la cheville et PAF le talon ! Poser le pied, planter la pointe. Tu la doubles. Double là je te dis ! Tu dois passer devant, tu vas plus vite, tu n’as pas peur. Toi, tu ne t’arrêtes pas. Tenir la stature, planter les orteils dans les pâtures. Nord cap Nord ! Du tendon au mollet tendu, surtout ne pas tomber, jamais flancher… Regardez ! Là ! Il ne bouge pas. Sa jambe droite plus courte que sa jambe gauche. Déséquilibré ! J’attends tendu, pentu. Trouvant mon équilibre dans la pente obtuse. Remonter la pente, qu’ils disent, je dois remonter la pente. Me retenir pour ne pas tomber et cogner, voler… Rouler bouler … Le verdict est tombé, ils ont goudronner la pente. Déséquilibrés! J’entends encore le bruit de la déconstruction, un cliquetis de pierres net, se...

Porte d'Aix, par David Amblard

Fin de zone à trafic régulé, remarque-t-il sur l’un des panneaux de Porte d’Aix. Des immeubles cassés vomissent du rose. Il réajuste son bonnet, en été, en printemps, en hiver, il ne le quitte jamais. On le surnomme « L’homme rocher ». Des lunettes le scrutent, pas de menaces, juste des avertissements, dans une zone occupée. Ousmane connaît ses limites, son territoire, il a appris les règles sur le tard. Cela fait un certain temps qu’il est ici. C’est sa capacité d’adaptation qui a fait la différence, se dit-il, il a toujours su évoluer, s’adapter comme un don ancestral que ses ancêtres lui auraient transmis. Il y a soudain une coupure, une résonance sous ses pieds, l’écho répété de deux types en train de se massacrer. La violence ici intervient par bourrasque, explosion, jamais constante mais régulière, par touches. Un type à côté dit : « dès que j’ai mes papiers je me casse de Marseille », Ousmane sourit, il sait qu’il faut de l’argent pour partir. Il en a suffisamment maintenant, il...

Mon humain Pozzo, par Christine de la Souchère

Maître Pozzo, Je vous écris de ce lieu dérobé, où votre inconséquence m’a conduit. Inutile de vous rappeler la peine encourue à l’issue de votre procès. Le roi Narcisse IV ne plaisante pas avec les histoires de reflets. Vous, mon maître, devez payer l’amende et 1000 Florins et régler le problème des miroirs à double face, installés sans autorisation dans vos domaines, ceux-ci perturbant les déplacements des chars fleuris du Souverain. D’autre part, le Roi vous ayant surpris dans une situation délicate où votre manque d’empathie a provoqué un drame exemplaire, a rajouté 30 degrés à la sanction. C’est moi que vous avez désigné, de fait, comme le permet votre position sociale, pour subir la sentence à votre place. C’est ainsi que cela a toujours été, entre les classes de notre royaume. Lorsque le camion m’a emporté, j’ai vu la vallée une dernière fois, avec ses protubérances ondoyantes et ses alcôves légèrement blondies. Plus loin, à la frontière de notre monde, l’espace s’est fait plus p...

Je t'invite, par Estelle Bertin

Bienvenue. Bienvenue à toutes ! Bienvenue aux enfants ! Bienvenue aux mères, aux sœurs, aux filles, aux amies. Bienvenue à toustes, les hors des cases, les entre les deux Bienvenue aux frères, aux pères, aux fils, aux copains. Bienvenue à celles et à ceux qui sont venu.e.s ensemble Bienvenue aux autres qui sont venus seul.e.s, nous sommes ensemble Bienvenue à celles et à ceux qui ont dû partir, qui ont dû fuir, qui luttent perpétuellement. Bienvenue aux endeuillé.es, aux chagriné.e.s, aux larmes dans les yeux Bienvenue à ceux et celles qui restent et sont là ! Bienvenue aux sages, aux philosophes, qui acceptent. Bienvenue à celles qui ne veulent plus voir, parce qu'on a en trop vu. Fermez les yeux Bienvenue à ceux qui ne veulent plus entendre, parce qu'on en a trop entendu. Bouchez-vous les oreilles Asseyez-vous, reposez-vous. Mettons sur cette table, la liberté à portée de main Que celui ou celle qui la veut s'en saisisse, se serve et s’en resserve. Saupoudrons là sur les ...