Comme c’est étrange, disait-elle, comme c’est étrange, je sais exactement ce que vous pouvez ressentir, je le sais exactement.
Et ses paroles perlaient sur vous, vous traversaient comme un tissu.
Accrochez-vous, vous disait-elle, accrochez-vous à moi par elles.
Car où qu’elle aille, à qui qu’elle s’adresse, elle avait le pouvoir de vous y renvoyer.
Elle était comme d’une autre espèce, se connaissant parfaitement.
Les sombres corridors aux embouchures lointaines pour vous atteindre elle les empruntait, pour vous atteindre et se retrouver en vous profondément.
Ai-je rêvé ou bien, pensais-je, ai-je rêvé ou bien dans la nuit, ce qui parle, c’est elle ?
J’entends son souffle obstinément.
Et ma peau tendue comme un tambour idiot s’en est ému.
Un autre cœur qui bat en moi ?
Au loin parfois des pierres roulaient dans un ravin, et tout au fond leur son disparaissant comme moi-même en moi, chevelure filant entre les doigts.
Et ce souffle son souffle je crois et ses soudaines variations par lesquelles elle m’atteint par lesquelles dans les longues vibrations de la nuit je change de position.
J’essaie je me retourne rampe lèche poche obèse lenteur de chenille assigné à elle empruntant sa direction.
Je suis ces tam-tams.
Assise maintenant la voilà en cercle assise tout autour de moi éblouissante m’apparaissant comme à travers ses propres yeux au bout des corridors aux embouchures lointaines.
Écorce vive paroi nombreuse cavernes où on aime crier je te déchiffrerai à l’aide des mains que tu m’auras données.
Pour mieux te voir je fermerai une deuxième fois mes yeux déjà fermés.
Et mes oreilles déjà fermées pour mieux entendre ton souffle devenir paroles et ton cœur courir sur ma peau, elles aussi les fermer une deuxième fois.
Et suspendu à toi par de très longs fils regarder tout en bas les grands rocs qui m’attendent.